Amplifier - Decembre 2006
Amplifier ont profité d’une tournée avec Opeth pour faire découvrir à un large public leur rock aux racines indescriptibles. Séduisant à chaque date des auditeurs avec leur son recherché et puissant. Après un ep et deux albums, il était temps pour nous de poser quelques questions à ces anglais si amicaux…
Metalchroniques - Vous pouvez commencer par présenter le groupe aux lecteurs
qui ne vous connaissent pas encore ?
Matt Brobin – On est Amplifier, Sel est gratteux et
chanteur, Neil est le bassiste et je suis Matt, le batteur
Sel Balamir – Ouais c’est ça ! (rire) Une parfaite version courte ! Non, plus sérieusement, je suppose que tu aimerais quelque chose de plus précis ?
Metalchroniques – Euh, oui ce serait pas mal !
SB – Ok, alors on joue ensemble depuis 1998, on a déjà fait
deux albums et un ep. On vient de Manchester en Angleterre. On avait emménagé à
Manchester pour faire de la musique. On y est arrivé depuis 12 ans environ…
Neil vient de Dublin, et Matt de Cardiff, moi je suis tout simplement de
Londres… Le centre de l’univers quoi ! (rire) On a joué dans différents
groupes pendant pas mal de temps. J’étais au conservatoire avec Matt et Neil
bossait dans un magasin de disques, pour ruiner les pauvres étudiants… En nous
donnant quand même de temps en temps un ep ou deux ! Après avoir travaillé
ensemble sur un autre projet, on a enfin monté Amplifier avec Matt avant de
demander à Neil de venir nous rejoindre en 98, pour rejoindre ce que disait
Matt… On a fait notre premier concert en 99 et on en a fait un bon millier
depuis ! Voici pour une petite partie de l’histoire du groupe. Mais le
plus important est de préciser qu’on a jamais eu en tête de devenir des
rockstars ou de gagner un max d’argent… On voulait juste s’amuser et faire
quelques concerts. Nous avons toujours respecté cette pureté dans nos
motivations…
Neil Mahony – Je crois que je n’ai plus grand-chose à
rajouter !
- Alors voici une question en deux parties sur votre
production : en premier, dites-moi si je me trompe dans ce que je vais
vous dire, ça sonne comme du rock 70’s mélangé à des trucs plus moderne comme
on peut le ressentir sur votre ep. En second, cette impression de contraste se
ressent encore plus sur votre second album, avez-vous maintenant atteint le son
que vous vouliez ou est-ce que vous avez encore des trucs à faire pour
l’améliorer ?
SB - Je pense que chaque disque sonne différemment donc on
verra bien dans le futur, mais ta remarque est intéressante parce que notre ep
a été enregistré sur un simple ordinateur en fait, ce qui nous est revenu à
genre deux livres, alors quand tu dis que ça sonne moderne c’est véridique
puisque nous l’avons fait avec des outils modernes. Notre premier album a lui
été enregistré aussi sur ordinateur parce que…
NM – Parce que les cassettes sont trop chères !
SB – Ouais c’est ça. Mais on a quand même utilisé une table
de mix analogique traditionnelle. Notre principale volonté était d’enregistrer
notre album sur une vieille table que nous avions choisie, parce qu’on trouve que rien ne sonne mieux que cette table.
Le second album a lui aussi été enregistré sur du matos encore plus typique… Et
personne ne nous avait fait cette remarque avant, de reconnaître notre première
intention…
MB – Bien joué !
- Tu as quelque chose a rajouté Matt ? Ou tu attends la
prochaine question ?
MB – Non, c’est bon !
NM – Moi, je dirais que beaucoup de monde nous a déjà
dit que notre ep sonne plus comme notre vrai son live alors que l’album sonne
plus comme un simple enregistrement. Avec notre ep on avait surtout voulu
capturer l’énergie du groupe…
SB – Et notre manque de fric ! (rire)
NM – Mais perso je trouve que nos albums et notre ep sonnent
tous un peu comme nous en live… On a eu l’occasion de nous entendre dans
tellement d’endroits différents que je pense qu’on sait quand même comment on
sonne… Les autres se basent sur l’idée que donne notre premier album sur une pauvre chaîne et ça ne nous rend pas
hommage… Puisqu’ils préfèrent notre ep ! Contairement à toi qui a
compris !
SB – Le plus important est de rester dans notre budget très
réduit !
MB – Capturer notre son live n’est pas facile du tout…
- Maintenant j’ai besoin de votre aide puisqu’à chaque fois
que j’essaie de décrire votre son à quelqu’un je m’emmêle dans je ne sais
combien de styles sans réussir à sortir un résultat vraiment satisfaisant…
Comment est-ce que vous le décririez vous-même ?
SB – C’est vraiment dur oui ! Mais dis nous d’abord ce
que tu en penses toi…
- Je trouve que ça sonne comme du rock anglais moderne,
mélangé avec des trucs plus psyché mais aussi des influences metal et un son
70’s… Mais bon ça ne me satisfait pas vraiment !
SB – Tu sais c’est pas mal puisque nous-même dans le groupe
avons du mal à savoir comment nous décrire…
NM – Tu essaie de nous décire en parlant d’autres
groupes mais tu n’y arrives pas et c’est normal… On y arrive pas
nous-même ! On regardait Tommy des Who l’autre soir et c’est seulement là
que je me suis rendu compte que nous sonnions un peu comme eux !
- Oui, à chaque fois que j’écoute votre album je découvre
quelque chose de différent…
NM – C’est un peu ce qui nous est arrivé avec les Who !
MB – On est un peu comme un mixer dans lequel tu met pleins
de trucs et tu mélanges… Ça ne sonne plus comme rien de ce que tu avais à la
base mais c’est là. Et nous on est un peu ça. On ne cherche pas à sonner comme
quelqu’un particulier et on change selon les titres… Ce qui est au final un peu
frustrant quand on ne peut même pas donner une réponse correcte à la question
que tu viens de nous poser ! Même pas une idée de style !
NM – Du heavy wood, pas du metal, une bonne grosse
bûche ! (rire)
MB – Perso je hais mettre des étiquettes sur les groupes…
NM – Je pense que post-classic-rock reste le seul truc qui
me satisfait mais après ça dépend de ce que tu vois comme le post-rock… Mais
bon au final on emmerde les étiquettes !
- De plus vous êtes un power-trio…
SB – Ouais c’est vrai ça ! On est un putain de power
trio !
- Malgré le fait que vous ne soyez que trois, vous pondez
quand-même de gros arrangements… Comment procédez vous pour la
composition ?
NM – Vive la Technologie !
SB – Ça dépend des moments… On y va plutôt à l’arrache…
C’est du jam en général et on y va à la vieille méthode… On jam pendant trois
jours sans dormir ni manger et de temps en temps on a le bol de sortir une bonne
idée ! Mais bon on a pas trop eu ce luxe pour le second album puisqu’on
avait un temps limité pour pondre des compos…
- Pour être honnête, je ne connais pas vos paroles, promo cd
oblige…
SB - Tu n’es pas obligé de les connaître… À la limite tu peux
te contenter de te laisser porter par le son de la voix, les mots ne sont pas
très importants…
- Mais de quoi parlez vous sur votre dernier album ?
NM – Rien de spécial…
MB – C’est pas un album concept comme Dark Side of the Moon.
C’est plutôt un simple flux de pensée et ce que ça représente pour moi n’est
pas obligatoirement la même chose que pour quelqu’un d’autre…
NM – Ouais carrément…
SB – Il n’y a rien de très construit ni de préparé…
MB – La plupart du temps Sel écrit simplement de la poésie et
on l’adapte sur les titres… Ça pourrait tout gâcher en fait de savoir de quoi
ça parle puisque ça peut représenter des choses très différentes pour chacun…
SB – je ne veux pas livrer de vérité universelle, plutôt
écrire de façon à laisser l’auditeur se faire ses propres idées, ce qui donne
encore plus de valeur à la musique puisque n’importe qui peut s’y rattacher…
- Et à propos du moment le plus important de l’album ?
La machine à écrire ?
NM – Ouais c’est carrément le point central ! (rire)
J’ai laissé mes doigts s’éclater ! Non sèrieux pour en revenir aux
paroles. Ta question m’a fait penser au Pixies et leur style de paroles.
J’adore écouter leurs musique et m’imaginer les paroles que je ne peux pas
comprendre quand la voix part dans tout les sens… Tu peux entendre quelques
lignes et le reste du temps tu ne comprends rien ! Alors je me base sur ce
que j’ai compris pour imaginer le reste. Je fais ça depuis des années et
maintenant que j’ai le net et que je peux vérifier je suis déçu de découvrir
les trucs qu’il dit vraiment ! Alors c’est un petit plaisir de faire des
paroles que tout le monde ne peut pas comprendre et est obligé d’imaginer par
soi-même… Je ne suis pas un grand fan d’art mais j’aime bien regarder des
tableaux et me laisser porter par ce qu’ils me font ressentir… Ça me soulerait
que le peintre me gonfle avec ses idées et gâche ce que j’imagine… je pense que
c’est pareil avec les paroles de Sel…
- Avant l’interview je parlais des fans d’Opeth avec Matt et
on se demandait…
MB – Tu sais il y a toujours un élément que les fans
arrivent à apprécier dans notre musique…
- Vous attendiez quoi de cette tournée ?
SB – En fait, je m’attendais à ce que quelques personnes
aiment et d’autres écoutent poliment sans trop s’emmerder, mais tant que certains
aiment…
NM – Je pense que Opeth ne sont pas vraiment un groupe
typique de metal, ils sont au dessus de ça… Ils ont des masses d’influences et
je suis certain que si tu leur demande ils te citeront pas mal de groupes que
nous pourrions dire aussi. Je pense que les vrais fans d’Opeth ne doivent pas
se limiter à un style et il en va de même avec nous… Opeth vont plus loin que
le metal et nous allons plus loin que le rock… Mais je sais bien que certains
mecs s’emmerdent pendant le concert et éspèrent nous voir faire quelques
growls…
SB – C’est fun parce que Mike est tellement marrant entre
les différents titres ! Il joue des musique de Deliverance et personne n’a
envie de sourire… Sauf nous
MB – On écoute ça et on se dit qu’on ne devrait pas sourire
mais on ne peut pas s’en empêcher parce qu’il nous inspire tellement… Et il ne
peut pas s’empêcher de lâcher des vannes entre chaque titre…
- Et à propos de votre prochaine tournée ?
MB - On était même pas encore au courant ce matin qu’on
allait jouer dans certaines villes ! C’est un pote qui nous a prévenu
qu’on allait jouer à Zurich !
- Ça va vous changer de jouer en tête d’affiche ?
SB – On jouera plus de titres vu que là notre setlist est
vraiment courte !
NM – On a déjà fini une autre tournée avant de partir avec
Opeth, et du coup on a jamais le temps de nous reposer ! Tellement de
monde attend de nous voir jouer qu’on ne peut pas faire autre chose que de
continuer à prévoir des concerts ! On a hâte de revenir jouer en
Angleterre par exemple !
SB – Et ça nous change puisqu’on joue devant notre propre
public, puis devant celui d’Opeth qui ne nous connaissent pas et découvrent des
titres… Quand on reviendra il y aura notre public plus ceux qui ont aimer… Et
c’est comme ça qu’on grandit !
NM – Ça fait un peu vampire en fait !
- On va quand même terminer cette interview, vous avez un
dernier mot pour les fans, les gens qui vont vous découvrir ce soir, les
autres ?
NM - C’est quoi le nom de ton magazine ?
- C’est un webzine, metalchroniques.com
NM – Et c’est principalement français ?
- Uniquement en français…
NM – Ah ok vous ne voulez pas laisser les autres gens
lire ! (rire)
SB – Tu sais, on n’avait pas assez fait attention à notre
public français avant mais maintenant que nous sommes venu et que nous avons vu
comme le public était cool, on va revenir sans hésiter. Alors à bientôt !