Interview de Wastefall (décembre 2006)
Wastefall ne perd pas de temps. Même si les membres du groupe ont une moyenne d'âge de 24 ans tout juste, les grecques en sont déjà à leur troisième album. Self Exile est d'ailleurs le premier distribué en France. Ce n'est pas trop tôt ! Même si l'influence de Pain Of Salvation est encore sensible sur cet album, Alex Katsiyannis (guitare) n'en reste pas moins fier. Qui, de toute manière, n'est influencé par personne? Et pourquoi se priver de l'écoute d'un album aussi touchant et puissant que Self Exile?
Metalchroniques
: Peu de gens conaisent Wastefall en France, et Self Exile est tout
de même votre troisième album, peux-tu rapidement
présenté le groupe?
Alex
: J'ai formé Wastefall avec Domenik (chant). On jouait dans un
groupe qui s'appelait Dead Man's Tail. On a quitté ce groupe
pour faire quelque chose de plus personnel. On a rapidement composé
quelques chansons, et on a recruté des musiciens. Et en juin
2003, on a sorti notre premier album, « Falling Stars and
Rising Scars » (sur Sleazy Rides Recs, NDLR), avec
quelques concerts à la clé. Et comme on n'arrête
jamais de composer, l'année suivante, on a sorti notre second
album, Soulrain (même label) et on a eu de très bons
retours. Ce qui nous a permis de tourner en première partie de
Pain Of Salvation et même de faire la première partie de
Black Sabbath sur un festival en Grèce. Et c'est à ce
moment-là que le line-up actuel du groupe s'est dessiné,
avec moi-même et Domenik, Christos aux claviers, Nick à
la basse et Kostis derrière les fûts. Et on a recommencé
à composer pour notre album Self Exile. On a signé avec
Replica pour l'Europe, Sensory pour les Etats-Unis. L'album a été
mixé par Tommy Hansen. Pour l'instant on n'a que de bons
retours pour l'album, donc on peut dire que tout se passe très
bien ! C'est notre premier album à être distribué
en dehors de la Grèce, c'est pour ça que tu n'avais pas
encore entendu parlé de nous !
Metalchroniques
: Tout semble être allé très vite pour Wastefall.
Est-il facile en Grèce de monter un groupe, d'enregistrer et
de sortir des albums?
Alex
: Non, pas tellement. Il y a beaucoup de talents, et beacoup de fans,
mais il manque tout le côté management, labels,
organisation etc...C'est assez dur en fait, de former un groupe
sérieux. On s'est débrouillé seul et on a bossé
dur. C'est aussi parce qu'on croit beaucoup en nous. Bon, internet
nous a aussi aidé. Ça n'était pas moins
difficile...
Metalchroniques
: Quand vous avez formé Wastefall, aviez-vous une idée
précise du metal que vous vouliez pratiquez? Le metal prog
très complexe de Wastefall était-il en quelque sorte un
but dès la formation du groupe?
Alex
: Pas vraiment. On voulait juste faire du metal ! Quand on a composé,
ce type de metal est sorti tout seul. On aime plein de groupes
différents, sans avoir d'ordre de préférence
précis. On n'aime pas trop les barrières, donc on a
tout mélangé, ce qui nous vaut l'étiquette
prog-metal, qui me convient tout à fait.
Metalchroniques
: Sur Self Exile, il y a beaucoup d'élements originaux, chants
féminins, violons et autres instruments, comment
organisez-vous tout cela? Ce sont des arrangements qui naissent
pendant les répèts ou est-ce un membre spécifique
qui s'en charge à la fin, en studio?
Alex
: Domenik et moi-même composons la base et la structure des
chansons, ensuite, on refile ça aux autres membres du groupe
et ils y ajoutent ce qu'ils veulent. Pour ce qui est du chant, il
faut savoir que c'est la dernière étape de la
composition. On crée les mélodies vocales avec Domenik
et les chants féminins, c'est Domenik seul qui s'en charge. Il
s'y connait en orchestrations car il a étudié la
musique classique, on le laise donc se charger de cet aspect.
Metalchroniques
: En parlant de vocaux, y a-t-il un concept derrière les
paroles de Self Exile?
Alex
: Non. C'est notre premier album sans concept. Mais les chansons ont
tout de même un sujet commun. Ça parle de découverte
de soi, c'est donc un sujet assez profond et ésotérique.
Ça parle de relations, ça renvoie à des concepts
philosophiques (Kant, Hegel). D'autres chansons comme « Dance
Of Descent » qui parle d'anciens rituels grecques. C'est
donc finalement assez varié de ce point de vue là.
Metalchroniques
: Où se situe la progression de Self Exile par rapport à
Soulrain, votre précédent opus, qui a lui aussi été
bien reçu? Au moins par ceux qui ont pu se le procurer...
Alex
(rires) : C'est tout à fait ça! C'est juste une
progression naturelle. On a essayé de ne pas ressortir le même
album. On s'est appliqué à composer de bonnes chansons
avant tout et on a l'impression qu'on a gagné en maturation.
On fait de la musique tous les jours et naturellement, on progresse.
Metalchroniques
: A chaque fois qu'un nouveau groupe débarque, il est
facilement catalogué. Et quand on pense aux influences de
Wastefall, on ne peut s'empêcher de penser à Pain Of
Salvation. C'est certainement dû au chant et à la
manière d'utiliser la guitare acoustique...
Alex
: Ecoute, Pain Of Salvation est un de nos groupes favoris, c'est
clair, c'est une influence, avec d'autres groupes. Le truc c'est que
Domenik a une voix qui ressemble à celle de D.Gindelöw
(Pain Of Salvation) tout en étant plus puissante et rauque. On
se démarque aussi de Pain Of Salvation en incluant des riffs
plus heavy et puissants, inspirés du power metal. Mais c'est
sûr, on est influencé par des groupes qu'on admire et ça
se ressent dans notre musique. Il n'y a pas que Pain Of Salvation,
mais peu à peu on se crée notre univers et cette
influence va se ressentir de moins en moins.
Metalchroniques
: Justement, il n'y a pas que Pain Of Salvation, dans vos passages
heavy : on pense aussi à Nevermore et Evergrey ! Et votre
chanteur est assez incroyable parce que même s'il rappelle
D.Gindelöw, quand il part dans des cris puissants, on pense à
Geoff Tate (Queensrÿche) et à Tom Englund (Evergrey) !
Alex
: Ouais, c'est vrai, il est assez incroyable. C'est un miracle qu'on
ait trouvé un chanteur pareil en Grèce, car comme tu
l'entends, j'ai une voix très grave et assez nase, comme la
plupart des grecques (rires) ! C'est une très grande force
pour un groupe de metal d'avoir un si bon chanteur.
Metalchroniques
: En live, les groupes de prog sont souvent obligés de faire
un choix. Tout miser sur les chansons puissantes, ou s'appliquer à
reproduire leur musique complexe d'une manière très
fidèle.
Alex
: On essaye de répéter un maximum, afin de créer
une alchimie entre nous. Quand on joue live, on ne se concentre pas
que sur la puissance, on fait un peu ce qu'on attend d'un groupe de
prog, c'est-à-dire transcrire des atmosphères
variées...On essaye d'être agressifs par moment et de
jouer aussi quelques ballades.
Metalchroniques
: Les groupes de prog ont souvent des rêves un peu fous, du
genre jouer avec un orchestre ou enregistrer un triple album concept.
Quel est le rêve le plus fou de Wastefall?
Alex
: Le plus fou ? C'est de vivre de notre musique ! On ne veut pas être
des rock stars, on veut juste avoir la possibilité de nous
concentrer exclusivement sur notre groupe ! On est obligé de
travailler à côté et on aimerait tellement
pouvoir consacrer plus de temps à la musique !
Metalchroniques
: Sur un plan plus « actuel » quel va être
l'actualité de Wastefall?
Alex
: On essaye de tourner, notamment en France ! Je ne peux rien
dévoiler pour le moment, mais on semble avoir quelques
possibilités. On va aussi essayer de tourner en Grèce
et comme d'hab, on compose !
Metalchroniques
: Avec qui aimeriez-vous tourner justement ?
Alex
: On a tourné avec Pain Of Salvation, et on aimerait bien
renouveller l'expérience! On a adoré la première
tournée et leur public aimera certainement notre musique !
Nevermore aussi, on adore ce groupe ! On pense aussi bien passer en
première partie de ce groupe...
Metalchroniques
: Bon, si tu devais convaincre les fans français que Self
Exile est l'album qu'il leur faut, que leur dirais-tu?
Alex
: Self Exile est un album qui leur apprendra beaucoup sur eux-même,
c'est une expérience ésotérique. Je pense même
que les français comprennent bien Wastefall puisque le
feedback français est excellent, que ce soit la presse écrite
ou les webzines ! Sinon, on aimerait tellement donner quelques
concerts en France puisque les fans sont très réceptifs
et on pourra passer un super moment !
Metalchroniques
: Le public français apprécie généralement
le metal progressif et compliqué, c'est peut-être ça
qui fait qu'ils adorent Wastefall !
Alex
: Ouais, les grecs et les français ont finalement beaucoup de
points communs ! Ne serait-ce que sur le point historique, on a
toujours aimé la philosophie !
Metalchroniques
: Merci bien Alex pour cette interview !
Alex:
Merci à toi !
Merci à Alex et à Roger !