Arnhem Metal Meeting (Hollande) : 26 Novembre 2005 / Musis Sacrum
Affluence : Environ 3000 personnes
Son : Fort et puissant pour tous les groupes
Lights : Minimalistes sur la troisième et petite scène, bons sur les deux autres
Ambiance : Imaginez 3000 metalleux venus de l’Europe entière pour une grande messe metallique…Ayé, l’idée fait son chemin ?!
Dismember,
Candlemass, Enslaved, Grave, Destruction… que de noms qui se sont
réunis en ce dernier et neigeux week-end de Novembre dans la petite
ville d’Arnhem en Hollande pour cette nouvelle édition du Arnhem Metal
Meeting. Bon, disons le tout net histoire de couper aux faux espoirs,
la neige qui tombait ce week-end à gros flocons sur une bonne partie de
l’Europe du Nord nous a empêchée d’assister à la prestation de Volbeat
et de n’écouter que les deux derniers titres de Callenish Circle. Deux
titres, c’est peu, mais tout de même suffisant pour déclarer sans trop
se tromper (et vu la réaction du public) que les Hollandais ont collé
le feu. Suivirent Fluisterwoud et Mercenary qui n’éveillèrent pas un
grand enthousiasme chez votre serviteur, même si le public a semblé
apprécier, surtout le set de Mercenary. Bref, 45 minutes durant
lesquelles nous avons eu tout le loisir de visiter les trois scènes
mises en place pour cette longue journée metallique : la D&T Stage
et son système de lights genre « tiens, il manque une lampe dans les chiottes..normal, ils s’en servent pour la petite scène ! »,
la Van Wijnen Stage et la Nuon Stage (accueillant les têtes d’affiche).
Toutes sont équipées de bars (slurp) et de stands de merchandising ce
qui, il faut bien l’avouer, nous a fortement occupé durant ¾ d’heures.
Ensiferum
débarque alors sur la scène principale. Les Finlandais sont en pleine
forme et leur heavy black épique passe comme une lettre à la poste,
même si les affiliations avec les géniaux Finntroll ne peuvent que
remonter à la surface. Mais histoire de changer la donne, le groupe
excécute en fin de concert une petite reprise d’Amorphis (désolé, j’ai
oublié le titre) pas piquée des vers et très personnelle. Du tout bon !
Mais il est désormais l’heure de se rendre à la Van Wijnen Stage
pour acclamer les rois du black metal progressivo-viking d’Enslaved. À
peine montés sur scène, Gruttle Kjelsson et Ivar Bjornsson envoient la
purée et nous prouvent avec brio que si leurs dernières productions
tendent à s’éloigner du son rugueux de leur débuts, l’énergie est
toujours présente, malgré l’installation d’ambiances épiques du
meilleur effet. Les Norvégiens, désormais secondés par un claviériste,
passeront largement en revue Monumension, Below The Lights et surtout le petit dernier, Isa
pour le plus grand bonheur de tous. Ces titres, dégageant en studio des
ambiances enivrantes ou carrément pesantes, sont parfaitement
retranscris sur scène et plongent l’auditoire au cœur d’un voyage
musical et intérieur de toute beauté. Mais les Norvégiens n’oublient
pas pour autant leur passé et nous balancent en pleine tête quelques
titres tirés de leur premiers albums afin de nous faire remuer les
cervicales. Un excellent concert pour un groupe qui ne l’est pas moins.
Sur la scène principale se prépare un des premiers gros morceaux de
la soirée, j’ai nommé les Suédois de Dismember. Matti Kärki et sa bande
font partie des précurseurs du death-metal suédois et entendent bien
rester à la page. Pari totalement réussi. Malgré une entrée en scène un
tantinet chaotique (une des guitare n’avait pas de son), Dismember a
vite repris les choses en main pour livrer une prestation « pain dans
la face ». “Reborn In Blasphemy”, “Casket Garden”, “Let The Napalm
Rain” ou “Pieces”, autant de tueries que nous a envoyé sans remords un
groupe remonté à bloc. Dans la salle, le public headbangue comme un
seul homme à la grande joie du chanteur Matti Kärki qui oscille entre
grand sourire et tête de « gros méchant parce que je fais du
metal-de-la-mort ». Mais il faut bien reconnaître que les cinq savent y
faire et balancent ainsi tranquillement un des meilleurs concerts de la
journée.
Ce n’est malheureusement pas le cas de ses compatriotes de
Grave qui, réduits à un simple trio, ont du mal à faire monter la sauce
auprès d’un public qui semblait pourtant s’être déplacé pour voir et
écouter ces autres vétérans du « son suédois ». Dommage car leur
dernier album en date, Fiendish Regression, était de ces
productions qui vous collent une grande mandale à la première écoute.
Mais non, la sauce ne prend pas et les membres rescapés (le chanteur
Ola Lindgren, le bassiste Fredrick Isaksson et le batteur Pelle
Ekegren) semblent totalement perdus sur la grande scène qui leur est
allouée. Esperons que cette formule toute neuve trouve ses marques pour
nous délivrer un show digne de la réputation du groupe lors de sa venue
en France en janvier prochain. Abandonnant ainsi lâchement Grave, nous
redescendons vers la D&T Stage où les bataves d’Officium Triste
s’évertuent à vendre au public de la corde de pendu. Si la formation
n’était pas performante à ses débuts, il faut bien avouer que son doom
mélodique et ultra-dépressif passe désormais allègrement le test de la
scène. Déprimant et pourtant si beau.
C’est désormais aux maîtres
du doom épique de Candlemass de prendre possession de la scène
principale pour une heure de show. Le parterre bien gavé découvre une
scène décorée de grandes croix blanches, crois que l’on retrouve
également sur les grosses caisses de la batterie et rappelant la
pochette du dernier et excellent album des Suédois, le sobrement
intitulé Candlemass. Cette date ressemble à un véritable
événement aux Pays-Bas et dans le reste de l’Europe, à un tel point que
nous retrouvons dans les premiers rangs les Irlandais de Mourning
Beloveth qui ont fait le voyage spécialement pour ce concert. L’heure
de la grande messe est enfin arrivée. Leif Edling, Messiah Marcolin
& Co. débarquent sur scène et sans aucun temps mort, nous
excécutent comme s’il de rien n’était “Mirror Mirror”, “Solitude” et
“Bewitched”. Trois titres, trois hymnes cultes qui donnent le ton de la
soirée : DOOOOMMMM ! Seuls deux titres issus du dernier album seront
joués, mais quels titres ! “Black Dwarf” et “Copernicus”, déjà énormes
sur disques, prennent une nouvelle dimension en live et permettent à
toute l’assistance (et au groupe) de se déchaîner comme une seul homme.
Comme à son habitude, Messiah Marcolin est génialement théâtral,
martelant la scène de son pas lourd et grimaçant à tout va. Quant à
Leif Edling, il est la sobriété incarnée et, outre Marcolin, la
personnification de Candlemass. Devant nous, les membres de Mourning
Beloveth sont aux anges chantent chaque titre avec passion et
adoration. Quand le doom rend hommage au doom, on écraserait presque
une petite larme ! Une heure de show, une heure de bonheur. Plus tard
dans les loges, Leif Edling nous confiera son désarroi de ne pas encore
avoir pu se produire en France. He Leif, nous sommes totalement
ouverts, surtout si les futures prestations du groupe ressemblent à
celle-ci. LE concert de ce festival, sans aucun doute !
Passons rapidement sur le set de Thyrfing. Son pas vraiment au top et groupe pas convaincant pour un sous. Hop, au suivant !
Le
suivant justement se concrétise en la présence des Allemands de
Destructions qui assurent ce soir la tête d’affiche. Schmier et ses
compagnons sont des vieux briscards et savent ce que veux dire : TOTALE
EFFICACITÉ. C’est donc bille en tête que les trois musiciens crachent
leur thrash sans finesse mais foutrement efficace à la face d’un public
plus réduit que pour Candlemass. Moins de monde ? Rien à foutre,
Destruction balance tout, quoi qu’il arrive. “Nailed To The Cross”,
“Mad Butcher”, “Machinery Of Lies”, “The Butcher Strikes Back” et
autres joyeusetés composent cette heure de poésie lyrique sans
précédent. Histoire de terminer en beauté, les Allemands invitent
Messiah Marcolin pour un petit duo de l’espace que personne n’est près
d’oublier.
Au final, le Arnhem Metal Meeting est une fois de plus
une franche réussite. Pas une seule minute de retard sur le planning,
un accueil à toute épreuve, une sonorisation au poil et surtout une
affiche à faire baver n’importe quel metalleux qui se respecte. Bref,
nous y reviendrons l’année prochaine !
Photos de Kalogero