Cathedral - entretien avec Lee Dorrian
Oyez, oyez amis du doom qui tâche ! Après le brillant retour en forme du prêtre Messiah et de ses comparses de Candlemass, voici le retour de Cathedral qui nous livre un album jubilatoire, varié et passionnant. Lee Dorrian nous en conte ici la génèse...
Alors Cathedral est de retour ?
Lee
: mmm on peut dire ça, il y a ce nouvel album dont nous sommes très
heureux, et puis nous avons été absent un certain temps pour un certain
nombre de raison. 3 années d'absence en raison de problèmes de
management, de problèmes avec la maison de disques, et des problèmes
line up... Et j'ajouterais des problèmes liés au matériel que nous
avions composé. Dans l'espace de 3 mois nous avons composé une
quinzaine de chansons. Nous étions à Liverpool et nous nous disions à
l'époque, avec Gary et Brian, que ce n'était pas assez bon. Au départ
c'était simplement dans la continuité de l'album précédent, mais nous
en sommes sortis avec quelques chose de plus fort. Et quand les autres
gars me disaient qu'on pouvaient entrer en studio, je préférais leur
répondre que nous n'étions pas encore prêts.
Après
toutes ces années, je pense qu'il est vraiment nécessaire que nous
sortions un album qui attire l'attention parce qu'il a un contenu fort,
que de se lancer dans la routine, d'être en pilotage automatique, c'est
vital pour nous d'une certaine manière, d'autant plus que nous ne
sommes pas un groupe metal à la mode. Nous devons composer le matériel
le plus intense possible, notre expérience fait que nous savons
parfaitement ce que nous ne voulons pas, mais nous devons quand même
prendre du temps pour définir le son et l'orientation musicale de nos
albums. En fait tout s'est vraiment déclenché quand nous avons composé
la première chanson "Tree Of Life & Death", nous étions ensemble en
répète et elle a fonctionné très rapidement. Et au fil du temps nous
sommes devenus plus confiants. C'était en fait un très long processus
pour aboutir à cet album, nous avions besoin d'être préparés, par
exemple avec la chanson "The Garden", la plus longue de l'album, il
nous a fallu 5 jours pour la mettre en place et la composer. Nous
avions envie que chaque chanson soit bien équilibrée entre les mélodies
et les passages aggressifs, pour que cela donne une dynamique et de
bons contrastes à l'album.
Tu
vois nous avons fini par savoir ce que nous voulions, et à ce moment là
il a fallu chercher le producteur adéquat, nous avons choisi Warren
Ryker et nous sommes très contents du résultat, l'album montre toutes
les facettes de Cathedral, on va du hard rock mélodique au doom agressif.
Si l'on compare cet album avec le précédent, ce qui est frappant c'est la variété des compos du petit dernier...
Lee
: absolument, il sonne plus grand, le spectre musical est plus large,
et je pense que nous avons appris avec les erreurs du passé, le fait
est que nous ne pouvions que faire mieux en variant le style des
chansons, d'autant que cela ne brouille pas l'identité de Cathedral
cela rend l'album vraiment dynamique. Il y a des passages jazzy, des
riffs qui sonnent vraiment comme des décharges éclectriques et le tout
ressemble en fait à un jeu d'ombres et de lumières.
Tout en gardant la signature sonore du groupe...
Lee
: oui, mais nous avons accentué le côté sauvage des guitares dans le
dernier. Nous avons discuté du son avec Warren sur le tard, il est
arrivé quand le processus de composition était achevé, et puis nous
voulions un son plus accrocheur et agressif, comme elles sonnent en
studio de répète...
Oui mais on reconnait le style de riffs caractéristique de Cathedral on ne peut pas se tromper dès les premières secondes...
Lee
(rires) tu sais depuis toutes ces années, nous sommes ensemble depuis
16 ans maintenant, il y a des choses qui sont en place et qui viennent
automatiquement et que nous ne voulons pas changer. Si tu regardes
l'état de la scène metal aujourd'hui, tu dois faire preuve de beaucoup
de conviction dans ce que tu fais, pour tenir en dépit des modes et
changements. Alors cette signature, les atmosphères sombres, nous
devions les conserver, et puis lorsque nous avons fait appel à Warren,
ce n'était pas en raison de ses états de services avec Down ou Crowbar.
Je me souviens qu'en fait il nous avait contacté via le site internet
du label Rise Above Records en nous disant qu'il serait très motivé
pour travailler avec nous, et nous lui avons répondu que ça pourrait
être intéressant. Et cela s'est révélé un plaisir, en dépit du fait que
pour lui ce n'était pas toujours simple, nous n'avons pas une façon de
travailler très conventionnelle.
Cathedral est un groupe hors du temps aujourd'hui par rapport à la scène metal...
Lee
: J'ai l'impression que l'écart grandit aujourd'hui entre ce que nous
faisons et ce qui se passe dans la scène, ou bon nombre de groupes se
copient les uns et les autres, nombre d'entre eux se mordent la nuque,
comme tous ces nouveaux groupes américains avec des jeunes de classe
moyenne qui hurlent sans raison apparente... C'est un peu facile les
hurlements, les blast beats et les gros riffs, ça sent la recette, mais
sans substance... en tout cas je ne la vois pas.
Tu penses que la musique de Cathedral a plus de substance en revanche...
Lee
: bien sûr, tout en combinant un certain succès commercial, nous avons
développé un style qui n'a pas de prise avec le temps, c'est
indémodable et nous pouvons assumer tout ce que nous avons fait depuis
nos débuts. Tout le monde ne peut pas en dire autant...
L'artwork c'est un retour aux sources ?
Lee
: je pense qu'il est fantastique, un des plus beaux que nous ayons eu
pour un de nos albums, cela faisait un moment que je pensais à
celui là, qui se réfère au jardin d'eden, ce genre de choses. Et Dave a
pris des notes d'après ce que je lui racontais, et voilà, nous avons
cette couverture étrange, qui colle bien à notre univers. Nous avons
une dimension étrange, que ce soit dans les textes, l'artwork et les
ambiances que nuos développons, tu as toutes les pièces du puzzle là !
Alors ce projet de tournée avec Candlemass est tombé à l'eau ?
Lee
: oui, malheureusement c'est annulé, c'est vraiment honteux, nous
espérions vraiment le faire, d'autant que l'affiche avec Grand Magus et
Candlemass était parfaite... Seulement voilà, Candlemass à tout mis par
terre pour de sombres histoires d'argent, du coup nous n'avons pas de
tournée européenne prévue avant février 2006. J'espère bien que nous
jouerons vraiment en France, je veux dire par là que sommes passés 6 ou
7 fois à Paris, mais pas dans d'autres villes. Nous aimerions vraiment
jouer dans plus de villes en France.
Qu'écoutes tu en ce moment ?
Lee : de la musique moderne, pas beaucoup en fait, je n'ai pas trop le temps...
Les groupes de Rise Above Records ?
Lee
: (rires) évidemment ! Des groupes modernes prodigieux (rires). Plus
sérieusement j'adore l'évolution de Grand Magus qui est un groupe
fantastique, attention quand je parle d'évolution je ne parle pas ici
de la coupe de cheveux de JB (rires). Le groupe à évolué entre blues,
doom agressif et heavy metal. C'est du power metal croisé avec
Candlemass aujourd'hui. D'ailleurs j'aimerais bien vu les échos
rencontrés par les albums de Grand Magus qu'ils jouent en France.
Un dernier mot pour les fans français ?
Lee
: alors que dire... je tiens à saluer et remercier nos fans
français qui nous soutiennent depuis si longtemps, je tiens d'ailleurs
à présenter mes excuses quant au fait que nous ne venons pas
suffisamment en France, j'espère bien que cela va changer à l'avenir.
Stay True, stay heavy !!!