Annihilator - entretien avec Jeff Waters (octobre 2005)
[cliquer
sur l'image pour l'agrandir - Jeff Waters en plein effort pour
contribuer à l'album Roadrunner United (c) Roadrunner records]
Jeff
Waters, légende vivante de la 6 cordes, adulé par nombre de ses pairs,
n'a pas dit son dernier mot, "Schizo Deluxe" est un concentré de thrash
énergique renouant avec le meilleur de la discographie bien fournie
d'Annihilator. Petite conversation au téléphone avec un mossieur Waters
de bon poil.
Jeff Waters commence par se renseigner pour savoir exactement comment on dit d'ou viens tu en français, s'ensuit une discussion ou finalement, nous ne tenterons pas l'interview dans la langue de Molière...
Que s'est t'il passé ces dernières années pour Annihilator, depuis "All For You" ?
Jeff Waters : Heureusement que tu ne me
demandes pas ce que j'ai fait depuis ces vingt dernières années ! Nous
avons fait une tournée assez courte avec Judas Priest, ce qui était un
honneur pour nous. Puis nous sommes retournés au Canada pour composer
de nouvelles chansons, je n'avais pas envie de tourner encore pour "All
For You". Nous avons essayé de faire un album qui soit meilleur, et
puis il y avait des histoires de business à gérer, pas très excitant
mais nous devions le faire. Et finalement pour cet album tout s'est
révélé plus confortable pour nous, les conditions étaient meilleures.
Je
pense qu'il y a deux facteurs qui ont rendu l'enregistrement d'All For
You difficile, le premier c'est que je venais de revenir de Vancouver
après y avoir passé 17 années, pour rentrer dans ma ville natale,
Ottawa. J'avais des problèmes personnels à gérer, dont un divorce, ce
n'était pas pas une période idéale pour composer, mes émotions
passaient au premier plan, il y a cette chanson instrumentale que
j'avais dédiée à mon fils, une chanson thrash et très agressive, une
chanson stupide... Ce qui se passait dans ma vie affectait beaucoup mon
travail de composition. L'autre facteur c'était le nouveau chanteur
David Padden, qui n'avait jamais chanté avant de rejoindre Annihilator,
et qui n'avait aucune expérience d'enregistrement en studio. Je ne
savais pas comment cela alllait se passer.
Ce n'est pourtant
pas le premier chanteur novice auquel tu avais affaire, Joe Comeau à
commencé à chanter avec Annihilator... tu as découvert pas mal de
nouveaux chanteurs...
J : C'est exact, et c'était aussi le
cas de Randy Rampage. Tu sais je cherche pour Annihilator un bon
guitariste, qui a le sens du timing, et pour le chant quelqu'un qui a
une attitude. C'était le cas de Randy Rampage. Alors en 2003 je me vois
encore pousser ce gamin sur scène, qui n'avait jamais chanté sur scène,
il a fait un bon boulot mais était encore très jeune, sans expérience.
Et sur le nouvel album c'est quelqu'un de complètement différent. Il
est s'est tranformé en chanteur sur de lui, avec une attitude, et en
studio il savait comment utiliser sa voix, c'est une des grandes
surprises de ce nouvel album pour moi. Il sonne comme un gars qui a dix
ans d'expérience aujourd'hui ! Et cela fait 20 ans que j'ai commencé le
groupe, je n'avais pas vu cela à ce point auparavant.
Le nouvel album est vraiment agressif on retrouve le Annihilator hargneux du début à la fin de "Schizo Deluxe"...
J
: Je pense qu'il y a plusieurs raisons à cela. David a une meilleure
voix sur cet album, cela sonne plus metal, et puis il y a le batteur
Tony Chappelle, qui est fantastique, il a des capacités idéales pour
enregistrer un bon disque de metal. Et puis il y a mon travail, que je
pourrais classer entre les compos de merde, les faiblardes, les bonnes
chansons, les classiques... (rires) personne ne peut réaliser 10
"Master Of Puppets" à la suite. Mais je pense que pour cet album tous
les bons
ingrédients se sont assemblés : une bonne production, des compositions
bien écrites et des bons musiciens. Cela fait longtemps que j'avais pas
eu le sentiment d'avoir fait l'album que je souhaitais.
Tu es invité sur un disque spécial, Roadrunner United, tu peux nous en dire quelques mots ?
J
: En fait j'ai rencontré Robb Flynn l'année dernière à noël, à
l'aéroport d'Heathrow, j'emmenais mon fils en Allemagne... Robb venait
de terminer la tournée de Machine Head, nous avons déjeuné, et il m'a
parlé de ce projet, nous avons échangé des mails, et puis il y a
quelques mois, il m'a proposé d'écrire des solis de guitares pour les
compositions dont il s'occupait pour ce disque. Cela s'est passé très
simplement. Je suis allé le rejoindre à San Francisco et nous avons
passé un bon moment à enregistrer ça en une journée.
Quels sont tes
sentiments aujourd'hui, il y a pas mal de guitaristes et de musiciens
qui te citent comme étant une influence majeure...
J : C'est
incroyable, pas mal de gens savent que je suis un fan de metal, c'est
la première chose qui me définit avant même Annihilator, tu vois par
exemple je tourne avaec Judas Priest, et je me rappelle qu'il y a dix
huit ans j'allais voir le groupe en concert à Ottawa. Je suis avant
tout un fan, alors quand des jeunes guitaristes, des musiciens me
contactent par mail et me disent que j'ai eu une influence sur leur
manière de jouer c'est incroyable cela me fait sourire c'est étrange et
flatteur pour moi...
Tu peux nous dire ce que signifie cette drôle de voix à la fin de l'album ?
J
: Ahem... ma soeur s'appelle Cassy, et je lui avais donné un surnom,
Loulou, et quand je l'appelais comme ça, elle devenait dingue... ça
l'énervait, j'ai donc saisi l'opportunité de le mettre sur disque,
juste pour rappeler à ma soeur qu'elle me hait ! (rires). Tu sais je ne
suis pas sérieux, je suis une personne très immature, j'ai envie de
m'amuser tout en poussant mes limites à la guitare...
Cela fait trois ans qu'on n'a pas vu Annihilator en France, on commence à trouver le temps long...
J
: Je sais bien, mais il y a quelques raisons qui l'expliquent, des
histoires de business et de maisons de disques notamment, et puis je me
dis qu'il faut attendre le bon moment, j'espère bien que l'année 2006
sera une grande année en terme de tournée pour Annihilator et je compte
bien revenir en France !
Un dernier mot pour les fans français ?
J
: laisse moi y réfléchir (en français) : merci beaucoup pour les vingt
dernières années de soutien pour Annihilator, nous reviendrons !