Interview Jean-Michel (Gojira) - Janvier 2006

Avant de parler de votre nouvel album, un petit rappel sur les origines et le parcours du groupe s’impose, pour les lecteurs de Metalchroniquesl.

JM :Salut à tous ! Le groupe s’est formé en juillet 96 sous le nom de Godzilla. Une première Démo « Possessed » voit le jour la même année. En février 98, changement de bassiste, Alex me laisse sa place. En août 2000, c’est l’enregistrement de « Terra Incognita », notre 1er album sous le nom de GOJIRA (prononciation japonnaise de Godzilla). Cet album est autoproduit, ainsi que les 2 suivants « The Link », sorti en 2003, et « From Mars To Sirius », qui vient de sortir. En novembre 2003, un DVD Live est enregistré et filmé à Bordeaux au théâtre Barbey, et voit le jour en Mai 2004.

Comment réagissez vous quand on présente Gojira comme l’une des figures dominantes du metal français ? Vous sentez vous du coup habité par une mission, comme la défense de l’exception culturelle ?

JM :Cela fait plaisir, mais nous n’y pensons guère. Nous faisons simplement notre truc de manière sincère, et je crois que cela touche les gens. On parle beaucoup du Groupe, notre notoriété grandit, effectivement, mais nous n’oublions pas d’où l’on vient, et qui nous sommes réellement, c’est très important pour nous.

La première chose qui frappe à l’écoute de « From Mars to Sirius », c’est sa diversité et la nette évolution par rapport à vos albums précédents. Quelles ont été vos volontés et vos exigeantes musicales pour ce nouvel album ?

JM :Sur cet album, nous avons laissé parler nos tripes, nos émotions sans se poser de questions. C’est une tranche de vie en quelque sorte.

Comment composez vous vos morceaux ? Est-ce que vous avez une recette ou une manière de faire particulière ?

JM :Il n’y a pas de recette particulière, si ce n’est juste de laisser les idées venir tel quel, y croire en les proposant, et bien sûr, la clef est le travail, et aussi une réflexion par rapport à tout ça. Il n’y a pas vraiment de secret.

On y trouve aussi des passages plus « atmosphériques », voir plus « post rock ». Est-ce que vous avez voulu ralentir un peu le tempo et est-ce que ce sont des orientations musicales qui vous plairaient à l’avenir ?

JM :Nous vivons tellement de choses, rencontrons énormément de personnes différentes, et écoutons divers musiques…les compos mûrissent naturellement de toutes ces émotions vécues. Nous ne pouvons pas prédire l’avenir, nous verrons. Vivre le moment présent demande déjà beaucoup de rigueur.

Un petit mot aussi sur le « concept » de cet album, qui peut sembler un peu particulier et qui tranche fortement avec les thèmes abordés dans le metal habituellement. Vous abordez des thèmes nettement plus « positif » ou du moins beaucoup plus « réels », le tout avec une imagerie fantastique.

JM :Il est vrai que le Metal est plutôt revendicatif, du côté obscur et négatif. Au début, nous étions attiré par cette puissance et avions des démons à évacuer. Petit à petit, nous avions envie de nous sentir plus heureux, et c’est venu assez naturellement de se servir de la puissance de cette musique pour évoquer en gueulant des thèmes positifs qui nous tenaient à cœur. Nous trouvions cela plus constructif que de se plaindre. Cela ne veut pas dire que nous ne respectons pas les autres façons de faire, mais nous avons en quelque sorte choisi le côté lumineux de la Force !!!

Quel est la signification du titre de l’album « From Mars to Sirius » ?

JM :Mars est une planète rouge évoquant le sang, et c’est aussi le Dieu de la guerre. On peut imaginer le monde actuel en état de guerre. Sirius est une planète lumineuse, vierge, symbolisant la paix. « From Mars To Sirius » serait ce voyage d’une planète en état de guerre, et de remise en question perpétuelle, vers une planète harmonieuse entre les humains et la Nature.

Etes vous des amateurs des mondes de l’imaginaire, de la fantasy ou de la SF ? Si oui, vers quoi vont vos préférences (auteurs, films, bd …) ?

JM :Personnellement, je ne suis pas amateur. Par contre, j’aime me confronter à mon imaginaire et à mon moi profond pour essayer de mieux me connaître et aller vers les gens plus facilement, sans les craindre. Nous sommes tous foutus pareil !

Le très bel artwork de l’album s’avère aussi particulier et en rupture complète avec ce qui se fait habituellement. Peux tu nous en parler ?

JM :L’artwork va de pair avec ce que je te disais juste avant sur le voyage d’un état de guerre à un état de paix, d’où le choix du blanc pour sa pureté. Je pense que les codes ne sont pas fait pour être suivi à la lettre. Nous sommes tous en quête d’évolution, alors pourquoi pas un tel artwork du moment qu’il est sincère et en accord avec nos pensées.

Avec tout ça on pourrait penser que Gojira ne fait pas vraiment partie de la scène metal actuelle avec ses codes, comme un espèce d’Alien. Le ressentez vous comme ça et est ce que c’est quelque chose de voulu par le groupe ?

JM :Je ne me sens pas du tout comme un alien. Lorsque nous montons sur scène, nous y allons à fond comme n’importe quel groupe de Rock ou de Metal. C’est avant tout le plaisir de partager un moment de folie avec le public.

Vous êtes bientôt sur les routes pour défendre ce nouvel album. Que nous réserve cette prochaine tournée ? Allez vous aussi partir sur les routes d’Europe pour défendre votre dernier bébé ?

JM :Cette tournée est énorme, et je garantie pas mal d’énergie et d’émotions. Nous espérons prochainement dépasser les frontières. L’accueil de la presse européenne est très bon. Laissons le temps faire les choses. D’abord cette tournée française, ensuite…

La scène est elle un endroit que vous affectionnez particulièrement ou êtes vous plutôt un groupe qui prend son pied en studio et période de compositions ?

JM :La scène est un lieu qui nous fait vraiment péter les plombs. C’est énorme de communier avec le public. Créer ne veut pas dire que nous n’aimons pas le reste. C’est toujours un immense plaisir de composer et d’enregistrer. C’est un peu comme mettre au monde un enfant.

Quels sont les derniers conseils et coups de cœur musicaux de Gojira ?

JM :Je dirai ne vous prenez pas la tête, mais prenez confiance en vous. Profitez de chaque moment que vous vivez !!!!   

Pour ma part, au niveau des coups de cœur musicaux, je citerai le dernier Pelican, God Forbid, Explosion in the Sky, In Flames et tant d’autres passés ou récents.

Merci et à bientôt.