Chicago – XXX [Rhino – 2006]
1. Free (Hot Single-Mix) 2. King Of Might Have Been 3. Caroline 4. Why Can't We 5. Love Will Come Back 6. Long Lost Friend 7. 90 Degrees And Freezing 8. Where Were You 9. Already Gone 10. Come To Me, Do 11. Lovin' Chains 12. Better 13. Feel (w/Horns)
Le mutisme de Chicago datait de l'album XXI,
en 1991, le groupe s'étant contenté durant la décennie de proposer des
enregistrements live ou des compilations à ses fans. Et voici qu'un des
plus grands groupes de rock mélodique de l'histoire américaine
réapparaît soudainement avec un disque au premier abord surprenant.
Entendons-nous
bien : Chicago n'a pas viré de bord musicalement et sa musique reste
ancrée dans un rock mélodique West Coast très chaleureux et vivant.
Mais l'on pouvait s'attendre à une volonté de se conformer aux modes de
l'heure, notamment en procédant à un retour aux sources, vers la
musique pratiquée durant les années 70 par Chicago. Or, ce n'est pas
vraiment le cas : à entendre le single, l'excellent « Free », on
constate que ce titre aurait tout à fait pu être présent sur XIX
par exemple. Les ballades qui agrémentent un peu trop abondamment la
première moitié du disque (« King Of Might Have Been », « Love Will
Come Back ») nous renvoient plus aux hits des années 80 (« Hard Habit
To Break ») qu'à un « 25 or 6 To 4 ». Cependant, certains travers des
années 80' ont été évités, notamment par la production de Jay
DeMarcus qui donne une sonorité musicale très moderne à l'ensemble.
On remarquera cependant que la deuxième partie du disque fait plus de
place à des titres plus particulièrement construits autour de la
section cuivre du groupe : un « Come To Me, Do », chanté par Robert
Lamm est caractérisé par un feeling bien plus rythm & blues, à
l'image d'un autre bon titre, « Better », assez soul. Au final ce XXX
semble remarquablement équilibré, utilisant des éléments extraits de
l'ensemble de la carrière du groupe ; l'inspiration principale est
cependant plutôt à chercher du côté de XVII que de V.
La
réelle surprise vient en fait de la qualité musicale de ce disque :
après un tel silence, on pourrait imaginer un groupe hésitant et peu
assuré ; ce n'est nullement le cas. Ce disque se range parmi les
meilleurs du combo : entre XVIII et XIX, car regorgeant
de titres inspirés et mémorables. Du premier single, « Free », qu'on
préférera dans sa version cuivres, à des titres comme « Caroline » au
refrain riche et entraînant, en passant par de très belles ballades
comme « King Of Might Have Been », c'est à du très bon Chicago auquel
l'amateur a droit. Si certaines ballades peuvent flirter avec la
variété américaine (le duo avec Shelly Fairchild « Why Can't We », par
exemple), la qualité de composition, manifeste sur les orchestrations
et les break, écarte à chaque fois le spectre d'une certaine facilité.
Et dans tous les cas certains morceaux brûlants comme « 90 degrees and
Freezing » ou « Where Were You », deux rock West coast impétueux,
viennent vite contre-balancer le calme de la première partie du disque.
Tant de fraîcheur et de créativité, après 35 années de présence
musicale dans le monde du rock, font plus que forcer le respect : elles
laissent admiratif.
Baptiste
[9/10)